Deux chercheurs d’ISAE-Supméca se sont rendus en janvier au Portugal pour des essais expérimentaux de grande dimension dans le cadre d’un programme de recherche européen. Il s’agissait de tester la résistance aux séismes de murs en béton armé, en reproduisant expérimentalement les vibrations d’un tremblement de terre.
Des tests hors normes
Fin janvier, dans le cadre du programme expérimental ALL4wALL, un mur en U en béton armé de 40 tonnes a été testé sous excitation sismique sur la table vibrante du Laboratoire national de génie civil du Portugal (LNEC), à Lisbonne. Yunhyeok Han et Stefania Lo Feudo, respectivement doctorant et enseignante-chercheuse d’ISAE-Supméca, ont participé à ces tests hors normes en fournissant le matériel et l’expertise nécessaires à effectuer des mesures avec des caméras haute résolution (12 Mpx) et moyenne vitesse (100 im/s). Le post-traitement des vidéos et le suivi des marqueurs dessinés sur le mur permettront d’identifier la dynamique globale de la structure. L’utilisation des techniques de corrélation d’images, permettra en outre de déterminer le champ de déformation et de relever la présence éventuelle de fissures.
Des murs qui résistent aux tremblements de terre
Ce projet se propose de mieux comprendre le comportement sismique des murs à noyau en U en béton armé. Cette géométrie, très répandue dans le monde, constitue l’ossature de millions de bâtiments et est utilisée pour accueillir des cages d’ascenseur ou des escaliers. Les murs à noyau en U en béton armé sont également un système de contreventement structurel des charges latérales dues au vent ou aux séismes. Dans ce projet on étudie deux facteurs qui contribuent généralement à une mauvaise réponse structurelle et fragilisent ces murs après un tremblement de terre, à savoir les effets de torsion et les déplacements résiduels excessifs.
Une deuxième campagne de test sera effectuée en 2024, un nouveau mur en U sera réalisé et certaines des barres en acier seront remplacées par des barres en alliage à mémoire de forme, avec l’objectif de minimiser les déplacements résiduels.
Un programme de recherche européen
Ce programme expérimental, intitulé « ALL4wALL – Smart ALLoys for WALLs: towards durable structures with long service lives and minimal seismic residual displacements », est porté par l’Université catholique de Louvain et financé par le programme d’accès transnational ERIES (Engineering Research Infrastructures for European Synergies). Le groupe de chercheurs impliqués dans le projet est composé de sept institutions : Université catholique de Louvain (Belgique), ENPC ParisTech (France), ISAE-Supméca (France), Université de Liège (Belgique), Université de Ljubljana (Slovénie), Université de Pavie (Italie) et Université de York (Canada).